- La Traversée intégrale de la Barrière Orientale du Vercors (Massif du Vercors) - 4 Jours

Publié le 1 mai 2025 à 13:49

Réalisée du 28 avril au 01 mai 2025.

 

"Immense navire surgissant de la plaine", c'est ainsi que désignait l'écrivain français et le résistant en devenir Jean Bruller le Massif du Vercors dans son ouvrage La Bataille du Silence de 1967. Alors que d'autres l'appréhendent comme une forteresse ou une muraille impénétrable, on retrouve toujours un peu ce côté ''paradis inaccessible'' pour parler du Vercors. Et sa géomorphologie n'y est pas pour rien. Encadré de toute part par d'imposantes falaises, notamment sur son versant Est, ainsi que de profondes et étroites gorges, le Massif du Vercors a toujours su garder son caractère mystérieux au fil des époques.

Le Massif du Vercors appartient aux Préalpes, à l'instar de ses voisins du Nord la Chartreuse ou les Bauges, ou de ses voisins du Sud, le Diois et les Baronnies. D'une altitude relativement modeste, n'atteignant pas les 2400m, il bénéficie cependant d'une diversité de paysages que peu de massifs peuvent égaler : immenses forêts de feuillus ou de conifères, hauts plateaux alpestres et forestiers, crêtes effilées, parois abruptes ou encore profondes gorges où ruissellent de tumultueux torrents. Ce relief assez complexe fut par moment un frein à l'unité du massif. Avant le XXème siècle, le Vercors ne désignait que la région entourant La Chapelle-en-Vercors. Chacune des régions naturelles composant le massif : le Royans, les Quatre Montagnes, le Vercors Drômois, le Trièves etc.. ayant sa propre identité. Ce n'est qu'à l'entre-deux-guerres que le terme Vercors s'impose pour qualifier l'entièreté du massif.

Longtemps à l'écart des activités humaines, le Vercors a vu sa renommée exploser durant la Seconde Guerre Mondiale avec l'établissement d'un axe de résistance en son sein face à l'occupation allemande. Sa superficie, sa difficulté d'accès et son relief aidant les maquisards à comploter contre l'occupant nazi, jusqu'à la chute de la Résistance durant l'été 1944. De nombreux monuments à la gloire des maquisards sont éparpillés sur le territoire du Vercors, qu'ils s'agissent de communes, de nécropoles ou de lieux de bataille à des cols stratégiques. Il n'y a pas un lieu où les mots Résistance et Sacrifice ne fassent pas écho dans ces montagnes.

Ce massif verra une seconde vague de popularité avec les Jeux Olympiques d'hiver de Grenoble en 1968 où plusieurs petits villages de montagnes se développent subitement via l'attrait de l'or blanc et l'accueil de certaines épreuves olympiques. On peut citer ici Saint-Nizier du Moucherotte et son tremplin ou encore Autrans et son domaine de ski nordique. Les sports d'hiver contribueront encore sur la fin du XXème et le début du XXIème siècle au développement économique du Vercors alliés avec le débordement urbain de la métropole grenobloise. Cet essor économique et urbain fera perdre en partie son caractère mystérieux et sauvage au massif, notamment sur sa partie Nord avec l'établissement de nombreux domaines skiables et des villages de montagne s'apparentant maintenant à de petites villes. Mais avec les effets de plus en plus prégnants du réchauffement climatique, notamment sur la moyenne montagne, la neige et les sports d'hiver ne sont plus omnipotents dans le Vercors et ils mettent les stations au défi de la diversification, de l'adaptation voire de l'abandon. Depuis quelques années, le Vercors se mue en destination touristique multi-saisons avec le boom des activités outdoor et notamment la randonnée. Le tout renforcé par le Parc Naturel Régional créé en 1970 et la Réserve Naturelle Nationale des Hauts Plateaux créée en 1985. Aujourd'hui le Vercors est une référence dans le milieu de la randonnée avec un réseau de sentiers de plus 4600km et un quadrillage d'itinéraires sur plusieurs jours : les Grandes Traversées du Vercors (-GTV) permettant aux marcheurs d'arpenter le massif que l'on soit débutant ou expert. Encore une fois, la proximité de grosses agglomérations, notamment Grenoble et dans une moindre mesure Valence, et tous les axes de transport qui en découlent ont permis un large désenclavement du massif et c'est maintenant le sur-tourisme qui met au défi les communautés de commune et les gestionnaires des aires de protection.

 

Pour ce qui nous concerne, ce sont bien les GTV qui nous intéressent. Bien qu'elles se trouvent sur la totalité du Massif du Vercors, la traversée la plus empruntée et la plus connue s'établie entre Corrençon-en-Vercors et Châtillon-en-Diois via le Gr91. Cette dernière permet une traversée en intégralité de la réserve des Hauts Plateaux, le tout en autonomie totale car il n'y a aucun refuge gardé ou petits villages sur le tracé. Sur 3-4 jours, les randonneurs sont plongés dans l'immensité et le caractère sauvage des Hauts Plateaux du Vercors. De notre côté, on trouve un petit bémol à cette traversée : le manque de points de vue. En effet, cet itinéraire reste en grande partie sur les plateaux et n'accorde que très rarement un panorama global sur le massif. C'est pourquoi on s'intéresse à un itinéraire beaucoup plus divers, mixant plusieurs GTV ainsi que des sentiers annexes. On se fixe comme fil directeur la barrière orientale du Vercors qui s'élance des Plaines de l'Isère au Nord jusqu'au Diois au Sud. Cette traversée intégrale nous ferait ainsi découvrir la diversité de ce massif avec une progression quasi constante en altitude et en dépaysement au fur et à mesure de notre marche.

Alors que les Alpes intérieures sont encore bloquées par d'épaisses couches de neige, les massif préalpins deviennent de magnifiques terrains de jeu aux inter-saisons : le printemps s'impose à ces altitudes libérant la quasi totalité des sentiers et des cols, la chaleur estivale n'est pas encore étouffante en moyenne montagne et l'eau est en quantité suffisante après la fonte des neiges. Ce dernier aspect n'est pas à prendre à la légère dans le Vercors. Sa géologie karstique et calcaire en font une véritable passoire, ce qui ne permet pas à l'eau de stagner en surface. Il n'y a ainsi aucun lac naturel dans ce massif et les sources de surface sont peu nombreuses. Ces différentes sources, répertoriées pour certaines sur le site du parc https://www.parc-du-vercors.fr/info-sources mais également sur les cartes IGN, seront déterminantes pour les étapes et les bivouacs de notre traversée.

Le but de notre périple autour de la barrière orientale ne sera pas de rester constamment sur le point haut de l'arête, non seulement parce que certaines portions seraient impraticables en mode randonnée mais aussi parce que les sources seraient inexistantes. On privilégie plutôt un itinéraire alternant versant Ouest, versant Est ainsi que certaines portions au niveau du culmen de la barrière.

 

Etape 1 : Du Vallon des Ecouges au Plateau de Sornin.

L'étape en quelques chiffres : 20,5km / 1290m de D+ / 830m de D-

 

L'extrémité Nord du Massif du Vercors est souvent mise à l'écart des traversées Nord-Sud. Certains privilégiant un départ depuis Saint-Nizier du Moucherotte pour filer ensuite vers les Hauts Plateaux. Bien que séparée du reste de la barrière orientale par les Gorges du Furon, cette zone, à notre sens, fait bien partie de la forteresse du Vercors qui s'étale du Nord vers le Sud. On se permet donc de l'inclure dans notre itinéraire d'autant qu'une grande partie du tracé s'effectue sur le fil de la crête et permet de vastes panoramas de part et d'autre du massif.

 

Au départ du Pont Chabert, on s'immisce dans l'Espace Naturel Sensible des Ecouges. On suit un large vallon humide et forestier jusqu'au lieu-dit du Rivet (ci-dessus) avant de grimper plus sensiblement vers l'alpage de Fessole.

 

On zigzague dans l'alpage en contournant la ferme de Fessole et les nombreux bouquets de Jonquilles qui tapissent le champ en dévers. Depuis la ferme, on pique en direction de la crête pour aller chercher le Pas de la Pierre Taillée 1618m. C'est ce dernier col qui nous permettra de rejoindre le fil de l'arête.

 

 

Alors que depuis le Pas de la Pierre Taillée, le sentier principal descend légèrement dans le sous-bois, on opte pour une progression sur l'arête en partie boisée. Elle permet plusieurs points de vue jusqu'à atteindre notre premier sommet de l'aventure : le Signal de Nave 1609m. De là haut, on domine la Vallée de l'Isère et les plaines agricoles témoignant de l'évanouissement des Alpes un peu plus à l'Ouest et au Nord. 

On poursuit notre route en basculant progressivement en direction de l'Est toujours sur le fil de la crête. On reste à ce moment-là fidèle au tracé du Gr9. On prend bien soin de faire un petit détour vers la Fontaine de Nave pour se ravitailler en eau avant d'atteindre le Bec de Lorient 1554m et le Pas de la Clé 1510m. Les paysages sont surtout du côté Nord de la crête, l'autre versant étant composé intégralement d'une dense forêt partagée équitablement entre les feuillus et les conifères.

 

Les falaises septentrionales du Massif du Vercors depuis le Pas de la Clé. Au centre, la Chartreuse voit bourgeonner quelques cumulus alors que sur la gauche, la Dent de Moirans et le Pays Voironnais semblent pour le moment épargnés.

 

En atteignant la Buffe 1623m, on atteint par la même occasion le point le plus au Nord du Massif du Vercors. De son sommet, on domine toujours la Vallée de l'Isère mais la vue se dégage sur le Massif de la Chartreuse et le bassin grenoblois. Les différents massifs isérois voient la nébulosité de développer au fur et à mesure de la journée. On observe d'ailleurs les premières averses sur la Chartreuse, dans le secteur de la Grande Sure.

 

Le premier orage de la journée est pour la Chartreuse.

 

 

On ne peut donc que poursuivre vers le Sud. On continue sur l'arête en franchissant le Pas du Mortier et en grimpant légèrement vers le Sure 1643m. On tente au maximum d'éviter le domaine skiable d'Autrans. A partir de ce dernier sommet, on ne peut plus suivre la crête puisque la Réserve Biologique Intégrale d'Engins s'étale de la Sure au Plateau de Sornin. On ne peut que la contourner via le Gr9. Cette RBI a pour but d'étudier les écosystèmes, forestiers notamment, avec peu voire pas du tout d'interférences humaines. C'est pourquoi aucun sentier ne la traverse et certaines activités y sont ainsi interdites telles que le bivouac, la chasse ou encore le pastoralisme. L'accès n'y est cependant pas totalement interdit. C'est également dans cette zone que l'on trouve l'entrée du Gouffre Berger, une des cavités les plus célèbres de France avec pas moins de 37km de réseaux souterrains.

De notre côté, on reste en surface en évoluant globalement à niveau entre les immenses épicéas et les lapiaz. Près du croisement de Malatra, on quitte totalement les sentiers balisés pour aller chercher le point haut des Plateaux de Sornin 1596m.

 

 

Sur l'alpage, le soleil joue à cache-cache mais les orages semblent cantonnés aux autres massifs. Le Plateau de Sornin est loin d'être platonique, il s'agit d'une butte herbeuse ondulée de façon chaotique permettant différents points de vue sur les environs et notamment un plongeon sur la métropole grenobloise que l'on surplombe de plus de 1000m. L'absence de sentiers sur la partie haute du plateau rend tout de même son côté sauvage à cette zone, les balisages contournant le plateau à ses extrémités.

Le Plateau de Sornin, avec celui de la Molière, constitue également un Espace Naturel Sensible. Au vu de leur proximité avec de denses zones urbanisées et leur facilité d'accès, une règlementation un peu plus stricte que dans le reste de la partie Nord du Vercors a été mise en place. Chaque année ce n'est pas moins de 100 000 randonneurs qui viennent fouler les sentiers de ces deux plateaux. Le bivouac n'est cependant pas interdit sur ces zones, ce qui, au vu des orages grossissant et de la présence du source légèrement en contrebas, nous permettra de stopper notre première étape de l'aventure.

 

 

Sur le Sud-Est du plateau, un petit groupe de chalets composent le Hameau de Sornin 1358m. Avec le Plateau de la Molière établi un peu plus au Sud, l'alpage de Sornin est le théâtre d'activités pastorales depuis plusieurs siècles. C'est ainsi que chaque été, un troupeau d'ovins de plus de 1000 têtes et provenant du Sud de la France vient paitre sur ces pentes. Sur l'alpage d'en face, à la Molière se sont au contraire des vaches locales.

Certains chalets appartiennent toujours à d'anciennes familles d'Engins qui venaient passer l'estive sur le plateau. Un autre chalet fut construit par un club de montagne de Sassenage et un autre appartient à la Mairie d'Engins, ce dernier bénéficiant d'ailleurs d'un abri libre d'accès. Au milieu de tout ça, un magnifique bassin où coule une généreuse source.

Quelques minutes après avoir monté la tente, les orages traversent la cuvette grenobloise et gagnent finalement le Nord du Vercors.

 

Etape 2 : Du Hameau de Sornin à la Combe de Pissavache.

L'étape en quelques chiffres : 25,5km / 1490 de D+ / 1360 de D-

 

La seconde étape de notre périple consiste à rejoindre la traversée classique du Vercors débutant de Saint-Nizier du Moucherotte. Pour se faire, il nous faut franchir les Gorges du Furon qui viennent séparées l'extrême Nord du Vercors du reste de la barrière orientale pour ensuite monter directement vers le premier grand sommet de la chaîne de montagnes : le Moucherotte. En plus de la distance, un fort dénivelé sera à l'ordre du jour. On part donc relativement tôt pour ne pas trop souffrir de la chaleur quasi estivale qui englobe déjà les Alpes en cette fin avril.

 

Au petit matin, les nuages ont totalement libéré le ciel. Seule une chape de nuages bas enveloppe le Val de Lans alors que le Moucherotte et Charande sont frappés par les premiers rayons.

 

 

 

Au départ du Hameau de Sornin, on reprend le Gr9 qui chute en direction d'Engins. En 45 minutes, on atteint le petit village et le talweg des Gorges du Furon. Il s'agira d'ailleurs du point le plus bas de notre traversée du Vercors.

 

Pour rejoindre Saint-Nizier du Moucherotte, nous avons le choix entre deux passages : le Pas du Curé ou le Pas de la Corne. On opte pour le plus proche, c'est-à-dire le second. La montée sera rapide mais assez radicale.

 

 

Après quelques lacets en sous-bois, le sentier franchi quelques barres rocheuses à l'aide d'équipements métalliques. Malgré l'environnement escarpé, le sentier ne présente ainsi aucune difficulté.

Par la même occasion la vue se dégage sur le Plateau de la Molière et Charande qui se situent sur l'autre versant des Gorges du Furon. On ne va pas tarder à déboucher sur les quelques champs agricoles bordant le village de Saint-Nizier du Moucherotte.

En deux petites heures on atteint Saint-Nizier du Moucherotte surplombée par les Trois Pucelles et le Moucherotte. Le village profite d'une splendide vue sur les massifs encadrant Grenoble, notamment la Chartreuse et Belledonne. En grimpant au Moucherotte, on ne fera que décupler le panorama.

 

 

Deux sentiers principaux permettent d'atteindre la cime du Moucherotte depuis son village en contrebas : l'un empruntant un large chemin carrossable et l'autre filant vers le sous bois du versant Ouest de la montagne. Pour se protéger du soleil et augmenter le caractère sauvage de l'ascension, le second sentier est à privilégier. D'autant que la Source du Moucherotte se situe sur cet itinéraire. Une des dernières sources que nous côtoierons ce jour-là. 

A côté de cette source, un feuillet permet de renseigner en direct l'état de la source en scannant un des trois QR Code en fonction du débit. Le site du Parc du Vercors se sert ainsi de ces données pour renseigner les futurs randonneurs de l'état des sources présentes sur les GTV.

Depuis le Moucherotte 1901m, le panorama sur le Y grenoblois et la confluence du Drac et de l'Isère est impressionnant. On distingue parfaitement bien les divisions entre les massifs encadrant la métropole avec la Chartreuse au Nord, Belledonne à l'Est et le Vercors à l'Ouest. Ce belvédère sur la Capitale des Alpes rameute les foules, on poursuit donc presque directement notre route vers le Sud. Prochain objectif : le Pic Saint-Michel.

 

En partance vers le Sud, on surplombe l'abri du Moucherotte. En arrière plan, on reconnait les Plateaux de la Molière et de Sornin.

 

Quelques kilomètres après le Moucherotte, on traverse le bucolique Plateau des Ramées. Une parenthèse champêtre avant d'être pris en étau entre le domaine skiable de Lans en Vercors et les zones de protection des tétras-lyres pour rejoindre le Pic Saint-Michel. Près de ce plateau, le Habert des Ramées peut constituer une halte de choix pour une nuit en cabane non gardée. Cependant, il n'y a aucune source dans les environs.

 

A mi-chemin entre le Moucherotte et le Pic Saint-Michel, le Vertige des Cimes, une passerelle métallique surplombant les 300m de falaise de la Grande Roche Saint-Michel, permet un nouveau point de vue sur la cuvette grenobloise et le Nord de la barrière du Vercors.

 

Une fois le Grand Cheval dépassé, on quitte définitivement le domaine skiable de Lans en Vercors et on ne devrait plus croiser une seule remontée mécanique de notre périple. On met pied sur la partie haute de la Combe Oursière et on part à l'assaut du second sommet du jour : le Pic Saint-Michel 1966m.

 

Tout comme le Moucherotte, le Pic Saint-Michel est un classique de la région. A la place de la table d'orientation présente sur le premier, une modeste croix sommitale orne la cime du second. Du haut de ces 1966m, le panorama est vaste entre le Sud-Isère, les massifs du Taillefer, des Ecrins, de Belledonne et de la Chartreuse.

 

 

Sous le Pic Saint-Michel, on atteint le large Col de l'Arc. A partir de ce col, trois options d'itinéraire s'offrent à nous : 

 

- Le Sentier des Deux Cols reliant le Col de l'Arc et le Col Vert par le versant Est de la barrière,

- Le Sentier Gobert qui fait globalement la même chose à une altitude plus basse et dans un environnement moins vertical mais sur le versant Ouest,

- Une version plus alpine du Sentier Gobert qui le surplombe à la parallèle en passant sous les trois sommets du chainon : la Crête des Crocs, le Rochers de l'Ours et le Roc Cornafion,

 

La première option est éliminée en raison du nombre important de traversée de couloir d'avalanches avant d'atteindre le Col Vert, la neige n'ayant peut être pas eu le temps de fondre dans la totalité d'entre-eux. On élimine également la troisième option car cette fois-ci nous avons pu apercevoir de loin que de grandes pentes étaient encore enneigées sur cet itinéraire, notamment dans les combes les moins ensoleillées. On choisit donc l'option la plus simple pour rejoindre les environs de la Cabane de Roybon, notre probable lieu de bivouac pour la fin de cette deuxième étape.

 

 

 

 

 

On chute d'environ 200m sur le versant Ouest du Col de l'Arc jusqu'au croisement de Font Froide. On passe ainsi à proximité du tout nouvel abri non gardé inauguré en 2024.

Au niveau du croisement, si l'eau venait à manquer, vous pouvez poursuivre sur environ 200m pour trouver la Source de Font Froide. Sinon, il faudra obliquer vers le Sud pour partir sur le Sentier Gobert.

 

Le Sentier Gobert traverse successivement la Combe Noire et la Combe Chaulange tout en restant aux alentours des 1500m d'altitude. Sur de grandes portions, il nous permet un beau panorama sur le Val de Lans et même par moment les cimes qui nous dominent de près de 500m.

Quelques centaines de mètres avant de rejoindre la Cabane de Roybon, au moment où le sentier marque la frontière entre la Combe de Lurbeillet en aval et la Combe de Pissavache en amont, un petit ruisseau nous convainc d'installer notre bivouac dans les parages. D'autant que le calme du coin et la vue sur l'imposant Roc Cornafion 2049m ne nous incitent pas à continuer vers la Cabane de Roybon qui a de fortes chances d'être déjà squattée.

Dans tous les cas, plusieurs sources sont présentes dans ces environs : près de la Cabane de Roybon, dans la Combe de Pissavache (si jamais vous choisissez le second tracé possible cité précédemment) et où nous nous trouvons. Il faut en profiter, l'étape du lendemain sera plus délicate sur cet aspect.

 

Etape 3 : De la Combe de Pissavache à la Cabane de Tiolache du Milieu.

L'étape en quelques chiffres : 25,1km / 1440m de D+ / 1380 de D-

 

Cette étape devrait marquer notre entrée dans la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux du Vercors. Mais avant cela, le choix de l'itinéraire est encore sujet à débat à partir de là où nous nous trouvons. Deux options sont possibles : 

- Un passage du Col Vert pour ensuite suivre le sentier sur le versant Ouest des Rochers du Ranc des Agnelons et enchainer avec les balcons Est et le Sentier du Périmètre.

- Une portion sur le versant Ouest de la barrière en traversant le domaine skiable de Villard de Lans/Corrençon pour basculer dans la réserve.

 

Pour éviter les remontées mécaniques, on mixera les deux options en gravissant le Pas de l'Oeille via le versant occidental avant de basculer de l'autre côté. Dans un second temps et pour pénétrer quelques kilomètres plus loin dans la réserve, on partira à l'assaut d'un second col : le Pas de la Balme.

 

Au réveil, les Gorges de la Bourne déversent délicatement quelques brumes sur Villard de Lans.

 

 

 

Pas besoin de rejoindre Roybon pour s'attaquer au Pas de l'Oeille, on grimpe dès notre lieu de bivouac comme pour se rendre au Col Vert. Au niveau du Croisement Sous le Col, débute le Sentier Péronnard conduisant vers le Pas de l'Oeille. Cependant depuis un éboulement survenu au-dessus du sentier, cette portion est déconseillée et même interdite. Si jamais vous ne voulez prendre aucun risque, il vous faudra emprunter la liaison vers le Sentier Péronnard depuis la Cabane de Roybon. 

De notre côté, on se décide à franchir rapidement le versant exposé en prenant garde à la paroi instable mais également aux bouquetins présents en nombre sous le Col Vert et qui ne peuvent pas s'empêcher de faire dévaler quelques blocs de roche en notre direction.

 

Le Sentier Péronnard monte progressivement de 1600m à 1900m (altitude du Pas de l'Oeille) en longeant les alpages et les pierriers en dévers sous les Rochers du Ranc des Agnelons puis les Arêtes du Gerbier. Le soleil tarde à franchir la muraille de roche alors que l'humidité matinale rend particulièrement glissantes les pierres polies du sentier ainsi que les lapiaz.

 

Clin d'oeil sur la Grande Moucherolle 2285m et le Dôme de l'Oeille 2105m durant notre ascension du pas.

 

Quelques centaines de mètres avant le Pas de l'Oeille, des plaques de neige s'invitent sur l'itinéraire. Loin d'une ambiance printanière, entre la neige et les alpages grillés, nous avons l'impression de basculer en automne.

Les nuages caressent les cimes des Deux Soeurs.

Au Pas de l'Oeille 1960m, il nous faut maintenant descendre son versant surplombant la Vallée du Drac. Et c'est là que les choses deviennent sérieuses. Ce versant n'a strictement rien à voir avec celui que nous venons de gravir. La descente est radicale, par moment glissante et les mains ne sont pas totalement inutiles. Heureusement, son exposition a permis aux derniers névés de ne pas entraver ce sentier. 

On descend donc doucement mais surement le sentier du Pas de l'Oeille jusqu'à atteindre la Baraque des Clos près de 400m en contrebas.

L'oeille du Pas de l'Oeille. A gauche, on domine la commune de Prélenfrey.

Au loin, les cumulus peinent à se développer au-dessus des sommets du Taillefer, des Ecrins et du Dévoluy.

 

 

A la fin des hostilités, on peut dévaler tranquillement les pierriers pour mettre pied sur le Sentier du Périmètre et ainsi rejoindre la Baraque des Clos. Etrangement calée sous un éboulis, cette cabane non gardée est idéalement placée pour profiter d'un vaste panorama sur la vallée et l'Arc Alpin. D'après IGN, une source serait présente dans les environs, mais lors de notre passage une coulée de neige ne permettait pas d'y avoir accès.

La Baraque des Clos marque le début d'une longue traversée en balcons d'environ 6km jusqu'au Pas de la Balme qui nous fera retrouver les hauteurs du massif. Oscillant entre 1500 et 1600m d'altitude, le sentier des balcons Est nous fera contourner les Deux Soeurs et les deux Moucherolles et ce, constamment au-dessus de la lisière de la forêt permettant de larges points de vue sur la barrière orientale et le Sud-Isère.

Le Sentier des Balcons Est (ou du Périmètre) est non seulement une GTV mais il a eu un rôle bien particulier depuis sa création. Pour protéger les communes en contrebas de la barrière orientale du Vercors des risques d'éboulements, de crues et de laves torrentielles, de nombreux aménagements ont eu lieu sur le versant oriental du Vercors au XIXème siècle : reboisement ou déviation de torrent par exemple. Ce sentier permettait ainsi de surveiller le bon fonctionnement de ces modifications.

 

On passe successivement sous les Deux Soeurs et les deux Moucherolles. La Grande Moucherolle 2285m que l'on aperçoit à droite constitue le second plus haut sommet du Massif du Vercors.

 

La totalité des balcons Est méridionaux depuis le Pré Achard. On devine le Pas de la Balme mi-ombre mi-soleil sur la partie droite de la photo. Non loin du Pré Achard, une des ravines recèle une source : la Fontaine des Sarrasins. Il ne faut pas hésiter à refaire le plein à ce niveau-là.

 

 

On retrouve les pelouses alpines au niveau du Pas de la Balme 1839m. D'ailleurs, au niveau de la cavité qui a permis l'intitulé de ce pas, la paroi ruisselait suffisamment pour permettre un ravitaillement en eau. La récente fonte des neiges ne doit pas y être pour rien. A voir si celle-ci résiste au tarissement estival.

Cette source est d'autant plus importante que l'on s'apprête à réaliser une traversée d'arêtes sur pas moins de 7km encore le Pas de la Balme et le Pas de Serre Brion. Autant dire qu'à ce niveau aucune source ne suinte des montagnes. Cette traversée d'arêtes était conditionnée au maintien d'une météo stable car non seulement le balisage est limitée mais en plus les portes de sorties sur les Hauts Plateaux sont quasi nulles entre les deux pas cités ci-dessus, sauf à s'embarquer dans un labyrinthe fait de lapiaz, de névés et de pinèdes.

On ne termine donc pas notre ascension au niveau du Pas de la Balme. On poursuit notre route au Sud vers la Tête des Chaudières et les Rochers de la Balme.

 

La Tête des Chaudières 2029m.

 

 

A partir des Rochers de la Balme 2063m, la zone la plus sauvage du Massif du Vercors se trouve face à nous. Alors qu'à droite les Hauts Plateaux forment un horizon forestier impénétrable, les falaises de la barrière orientale accentuent le caractère inaccessible de cette région montagneuse. L'effet sera radical, nous ne croiserons personne jusqu'à l'étape du lendemain. Il faut dire que cette portion n'est que très peu empruntée car peu voire pas du tout balisée.

Alors que certains pas sont accessibles depuis les balcons Est, le versant Ouest est presque vierge de tout sentier. On repérera tout de même un discret balisage tout au long de la traversée fait de points bleus ici ou là : le Chemin des Pas sera même inscrit à la peinture au niveau du Pas Morta. Sentier officiel ou balisage clandestin ? Probablement la seconde option, même si les cartes OSM prennent la peine de l'indiquer. Quoi qu'il en soit, ce sentier permet de jongler de pas en pas sans forcément rester sur le fil de la crête et sans avoir à gravir les innombrables pics rocheux qui la composent. Face à un relief bien moins abrupt en versant occidental, ce sentier alterne pierriers et pelouses alpines en restant en moyenne aux alentours des 1900m d'altitude. Dans la plupart des cas, si l'on perd le balisage bleu, on peut effectuer son propre itinéraire mais ce Chemin des Pas aide tout de même à franchir les mini barres rocheuses au niveau de leur faiblesse lorsque celles-ci bloquent notre progression.

 

 

Malgré une évolution en balcons, on enchaine les petites montées, les petites descentes, les contournements de scialets, les traversées de névés et les traversées de pierriers instables. Il nous faudra pas moins de 5h pour réaliser ces 7km de traversée. Heureusement, les paysages sont grandioses, sauvages et la météo au beau fixe. On pénètre d'ailleurs dans la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux du Vercors au niveau du Pas Enardant 1833m (photo ci-dessus)

 

 

Durant cette traversée, on relie les uns après les autres : les Rochers de la Balme, le Pas Enardant, le Rocher du Playnet, Roches Rousses, le Pas Morta, le Pas Etoupe, les Rochers de la Peyrouse, la moitié des Rochers du Ranc Traversier et le Pas de Serre Brion. Sur la fin, nous avons cru à un potentiel orage au vu du développement nébuleux au-dessus des Rochers de la Peyrouse mais ce dernier se dissipera finalement au niveau de Serre Brion. 

La solitude est à son comble. Non seulement les bipèdes sont absents mais nous ne croiserons que très peu d'animaux sauvages sur notre route. On se contentera des nombreux oiseaux piaillant et zinzinulant dans les forêts de pins en contrebas de l'arête.

 

Sur la droite, le Sommet de Malaval 2097m.

 

 

Au Pas de Serre Brion 1948m, on quitte définitivement le fil de la barrière orientale et on s'immisce sur les Hauts Plateaux à la recherche d'un coin pouvant procurer logis et point d'eau. 

L'heure avançant et les plus proches sources étant encore à des kilomètres, on se met vite en tête d'oublier d'atteindre la prochaine source pour établir le bivouac. On descend ainsi sur les Hauts Plateaux via un sentier cairné (aucunement présent sur les cartes IGN) jusqu'à rejoindre le Gr91 au milieu de l'Alpage de Tiolache du Haut. Alors que quelques névés agonisent dans les dépressions ou à l'ombre des pins, on est happé par l'aridité des lieux. Pas une goutte d'eau en surface à des kilomètres à la ronde.

On poursuit sur le Gr encore quelques centaines de mètres avant d'en sortir et de partir à la découverte de la cabane du coin : la Cabane de Tiolache du Milieu.

 

Cachée au coeur de son alpage à 1550m d'altitude, la Cabane de Tiolache du Milieu est l'une des moins prisées des randonneurs traversant le Vercors. Et pour cause, aucune source à proximité, uniquement deux places de couchages sur bas flancs et une position légèrement excentrée par rapport au Gr. Elle sert tout de même d'abri de la seconde chance lorsque la Cabane de la Jasse de Play est blindée quelques kilomètres plus au Sud. Mais aujourd'hui, personne n'a pris possession des lieux. Au-delà des deux places de couchage, l'intérieur de la cabane est assez sommaire avec une table, deux bancs, un poêle, quelques ustensiles et de quoi couper du bois.

Qui plus est, une plaque de neige jonche un peu plus loin sur l'alpage. Elle nous servira à y faire fondre de la neige pour nos plats lyophilisés et à nous rincer à minima.

 

Dernière lueurs sur les Rochers du Ranc Traversier et le Sommet de Malaval.

 

Etape 4 : De la Cabane de Tiolache du Milieu au Col de Menée.

L'étape en quelques chiffres : 30,6km / 950m de D+ / 1090m de D-

 

Sur la première partie de cette dernière journée, on s'inspirera du tracé de la Traversée des Hauts Plateaux en empruntant sur quelques kilomètres le Gr. Puis, au lieu de continuer notre route vers Pré Peyret et la Montagne du Glandasse, on restera fidèle à la poursuite de la barrière orientale en arpentant les hauts plateaux Est de la réserve. Cela nous permettra de sortir plus sensiblement des hauts plateaux forestiers et d'avoir de beaux points de vue sur le Trièves, les autres massifs ainsi que le reste des Hauts Plateaux du Vercors.

Initialement nous avions pour objectif de gravir le Grand Veymont 2341m, point culminant du massif via sa face Nord pour rechuter sur les plateaux par son arête Sud. Néanmoins, l'enneigement de sa face Nord nous a vite fait déchanter. On se contentera d'un contournement de la montagne et d'une splendide traversée des Hauts Plateaux du Vercors.

 

Après 3km en sous-bois depuis Tiolache du Milieu, on atteint la Jasse du Play et sa cabane. A l'entrée de l'alpage, on fait non seulement face au petit baraquement mais aussi aux sommets qui la surplombent (de gauche à droite) : Roche Rousse, Sommet de Pierre Blanche et Grand Veymont.

 

La Cabane de la Jasse du Play 1629m.

Face à Roche Rousse 2105m.

Le Grand Veymont 2341m depuis la Jasse du Play.

 

Après la Jasse du Play, on ne croisera pas moins de trois sources différentes sur près de 5km. Rien à voir avec l'aridité de la veille. On en profite pour boire goulument à chaque source : Fontaine du Play, Fontaine de la Chau, Fontaine des Serrons. C'est à partir des environs de cette dernière source que l'on bifurque en direction du Pas des Chattons. On sort ainsi définitivement du Gr91, les traces de peintures rouge et blanche étant remplacées par de nombreux cairns.

Sur cette portion, on évolue aux alentours des 1600m d'altitude dans une pinède tachetée de clairières, elles-mêmes recouvertes de Renoncules de Küpfer, de Crocus et parfois même de Jonquilles.

 

En grimpant d'une petite centaine de mètres supplémentaires, l'Ouest du Vercors apparait au milieu de la pinède. On devine ainsi la Montagne de Beure et l'Alpage de la Grande Cabane à gauche suivis des Rochers de Chironne, du But Saint-Genix, du But de Nève et de la Montagne d'Ambel. Une autre GTV se situe sur ces monts. Cette dernière s'effectuant d'Est en Ouest via le Gr93 notamment.

 

 

A la sortie du Pas des Chattons 1828m, le paysage change fondamentalement. La forêt disparait quasi intégralement et le relief se diversifie. On retrouve le fil de la barrière orientale au niveau du pied de l'arête Sud du Grand Veymont, totalement dégarnie contrairement à celle du Nord.

On passe aux abords de la Cabane des Aiguillettes et du Pas du Fouillet pour nous rendre au Pas des Bachassons, un des portes d'entrée vers les Hauts Plateaux depuis le Trièves.

 

De gauche à droite : Grand Veymont, Petit Veymont, Massif de Belledonne, Rochers du Baconnet, Massif du Taillefer, Massif des Grandes Rousses, Massif des Ecrins, Sommet de Peyre Rouge, Mont Aiguille.

 

L'intérêt de passer au Pas des Bachassons est double. Premièrement une source est présente à la sortie du pas et deuxièmement, si l'on marche quelques dizaines de mètres plus au Sud, on peut profiter de l'un des plus beaux panoramas du Massif du Vercors.

 

 

L'ensemble de la Plaine de Queyrie est visible depuis les environs du Pas des Bachassons. Ce paysage invite à la contemplation et ce à toute saison. En plus de faire partie d'un cadre montagnard spectaculaire, ce lieu est chargé d'histoire. Maintenant traversée par des sentiers de randonnée, cette plaine fut autrefois un lieu de passage et de commerce entre le Diois et le Trièves ainsi qu'au-delà de ces deux contrées. Ce n'est pas pour rien qu'un arbre solitaire trône au centre de cet alpage. Cet arbre taillé, un pin à crochet haut d'environ 7m est le survivant d'une forêt alpine utilisée par les bûcherons d'antan. Il fut intentionnellement taillé pour en faire un point de repère lors des traversées des Hauts Plateaux, notamment lorsque la météo était capricieuse.

Sur la droite de la Plaine de Queyrie, près des contreforts de la Tête de la Graille, on peut faire la rencontre de vestiges d'une ancienne carrière romaine. Des colonnes de pierre taillée jonchent encore le sol, ces dernières ayant notamment servi à l'édification de certains bâtiments de la ville de Die à l'époque romaine.

 

Autour de la plaine et au-delà, les quelques sommets subliment le paysage grâce à leur relief atypique : Rochers de Plautret, Dent de Die, Tête de la Graille, Montagne du Glandasse, Roc Mazilier et au loin les Trois Becs.

 

Nous ne prendrons pas la peine de descendre sur la Plaine de Queyrie, on poursuit notre route un peu plus à l'Est en direction du Pas de l'Aiguille et de la Cabane de Chaumailloux. On franchit ainsi le Sommet de Montaveilla, une grosse butte mi herbeuse, mi rocheuse, séparant les Pas des Bachassons et celui de la Selle. Aux abords de la petite bergerie blottie sur un de ses flancs, nous faisons la rencontre des locaux. Enfin !

 

Un beau troupeau de bouquetins pait dans les environs de la Cabane de Montaveilla. Ce n'est pas la première fois que nous faisons leur rencontre à cet endroit précis. Ils sont probablement attirés par les restes de sel de l'estive passée. Un autre troupeau vient d'ailleurs les rejoindre depuis le Pas de la Selle.

 

De notre position, la suite de l'itinéraire est visible face à nous. On se dirigera dans un premier temps vers les Rochers du Parquet que l'on aperçoit sur la gauche de la photo. On ne s'élèvera pas jusqu'à leur cime mais on reliera une combe présente entre le fil de leur crête et la vaste plaine de Peyre Rouge qui s'élance du Pas de la Selle vers l'intérieur des plateaux. A droite, on devine un alpage, il s'agit de celui du Pas de l'Aiguille que nous devons atteindre dans la foulée.

 

Une fois au-dessus de la combe, on perçoit davantage les alpages de Chaumailloux ainsi que celle du Jas Neuf. Au loin la Montagne du Glandasse comble l'arrière-plan.

Dans la combe, le sentier se repère avec de nombreux cairns, par moment bien cachés. il faut être attentif d'autant que le vallon n'est aucunement uniforme de bout en bout.

 

 

 

 

Après avoir vu les vivants, la rudesse de la nature fait un retour magistral au détour du sentier : mort naturelle ? attaque de loup ? restes laissés par les charognards ? 

Malgré leur sérénité apparente, la vie des caprinés du Massif du Vercors est loin d'être un long fleuve tranquille.

Par moment, le sentier s'invite sur les bords de la falaise, ce qui permet d'avoir une vue vertigineuse sur les ravins de Tête Chevalière.

 

Au pied des Rochers du Parquet, voilà le Mont Aiguille métamorphosé. Cette traversée Nord-Sud nous permet de contempler cette montagne iconique du Vercors sous différents angles. Quelques kilomètres suffisent pour faire pivoter ce mont inaccessible.

 

Le paysage de Chaumailloux ne déçoit que très rarement. Un alpage coloré, des sommets caractéristiques et le ruissellement des sources de Chevalière font vite oublier la cohue des randonneurs qui arpentent cet endroit facilement accessible depuis Chichilianne.

On profite de ce coin fraicheur quelques instants avant de s'attaquer à l'une de notre dernière grimpette de cette traversée : la montée en direction du Pas de la Chèvrerie, près de Tête Chevalière.

 

On s'élève face aux Rochers du Plautret et la Tête de Tourte-Barreaux. Sur ces versants, l'hiver et la neige ne sont plus que souvenir.

 

Près du Pas de la Chèvrerie, on devine le Grand Veymont, le Petit Veymont, les Rochers du Parquet, le Mont Aiguille et le Plateau de Chevalière.

 

Au lieu de partir vers Tête Chevalière, on poursuit sur les hauts plateaux, au niveau de l'alpage de Pré Mouret. L'occasion de bénéficier d'un paysage partagé entre Dévoluy, Diois et Vercors mais aussi de faire une rencontre que nous n'avions plus pu faire depuis quelques mois.

 

 

 

 

Les marmottes sont de retour sur les Hauts Plateaux depuis quelques jours maintenant. Elles profitent de l'explosion printanière de la flore pour apaiser leur appétit gargantuesque après des mois de jeûne. 

Face à l'affluence sur certaines portions du massif, elles sont peu farouches mais au contraire assez curieuses.

 

On ne descend pas instantanément dans le Vallon de Combaux, on part chercher le fil de l'arête Est de Tête Chevalière, celle qui surplombe le Ravin des Arches. On traverse la débonnaire Plaine de Chamousset avant de butter face au vide.

 

Le plateau s'arrête net par un ravin de plusieurs centaine de mètres. La falaise ne tient que par un miraculeux amoncellement de strates rocheuses. Les éboulements sont nombreux et certaines failles jalonnent le bord de la paroi, signes de la fragilité de la montagne. On fait rapidement le contour de cette arête avant de chuter vers le Pas de l'Essaure et le Vallon de Combau.

 

Le Vallon de Combau forme l'ultime vallée avant l'évanouissement du Vercors. Il est dominé par la Montagnette 1972m que l'on aperçoit à droite. Au coeur de ce vallon, l'Abri de l'Essaure trône dans l'alpage et offre une possibilité de bivouac dans cette extrémité du Vercors drômois.

 

 

Juste avant d'atteindre le Pas de l'Essaure 1661m, on fait la rencontre de quelques bouquetins plus intéressés par l'herbe fraiche que par les randonneurs qui arpentent les sentiers environnants. 

Avec le Mont Aiguille 2087m en arrière-plan, la carte postale vertacomicorienne est complète !

Du fait de sa position méridionale, le Vallon de Combau est légèrement plus en avance que le reste des plateaux. Les anémones et les gentianes sont présentes en nombre dans les alpages.

 

Au lieu de s'enfoncer dans le Vallon de Combau, on le surplombe par les arêtes Est. On passe ainsi près des Quatre Têtes et de la Tête de Praorzel pour rejoindre le Col de la Lauzette. On toucherait presque du doigt les Massifs du Dévoluy et du Diois qui composent maintenant en grande partie le paysage depuis les arêtes.

 

C'est sous une chaleur de plomb, avec une splendide vue sur les hauts sommets dévoluards, du Diois et même le Mont Ventoux que nous terminons cette grande traversée de la Barrière Orientale du Vercors. Nous finissons notre course au Col de Menée, un peu plus de 100km après notre départ du Vallon des Ecouges. Le Col de Menée 1457m marque la frontière entre le Massif du Vercors et le Massif du Diois. D'ailleurs, nous sommes directement dominés par le point culminant de ce dernier massif : le Jocou 2051m.

Ce trek dans le Vercors aura été l'occasion d'enfin réaliser une traversée d'un des massifs entourant Grenoble, montagnes que nous côtoyons presque quotidiennement et qui pourtant n'étaient pas à l'ordre du jour de nos projets d'itinérance. Au-delà de ce que procure une Grande Traversée du Vercors du fait de son caractère sauvage, vertigineux, grandiose et parfois même unique, puisqu'on ne retrouve que très peu de montagnes comparables dans l'Arc Alpin, ce trek marque probablement le début d'une série d'itinérances régionales. Le Tour de Chartreuse ou la Haute Traversée de Belledonne pourraient ainsi compléter notre série autour de la Capitale des Alpes, toujours dans l'esprit de partir de l'urbain vers le naturel, du quotidien vers l'inapprivoisé.


ITINÉRAIRE DU TREK : 

 

  • Départ : Parking du Pont Chabert - km 0
  1. Alpage de Fessole - km 5,9
  2. Pas de la Pierre Taillée - km 6,8
  3. Signal de Nave - km 8,2
  4. Fontaine de Nave - km 9,1
  5. Bec de Lorient - km 10,3
  6. Pas de la Clé - km 12,1
  7. La Buffe - km 14,1
  8. Pas du Mortier - km 14,8
  9. La Sure - km 15,8
  10. Point haut du Plateau de Sornin - km 20
  11. Hameau de Sornin (Bivouac 1 + source) - km 21,4
  12. Engins - km 25,6
  13. Pas de la Corne - km 26,7
  14. Saint-Nizier du Moucherotte - km 28
  15. Source du Moucherotte - km 31,1
  16. Le Moucherotte - km 32,2
  17. Plateau et Habert des Ramées - km 35,1
  18. Vertige des Cimes - km 36,8
  19. Pic Saint-Michel - km 40,3
  20. Col de l'Arc - km 41,4
  21. Abri de Font Froide - km 42,4
  22. Sentier Gobert - km 43,4
  23. Combe de Pissavache (Bivouac 2 + source) - km 46,9
  24. Sentier Péronnard - km 49,8
  25. Pas de l'Oeille - km 52,7
  26. Baraque des Clos - km 54
  27. Fontaine des Sarrasins - km 56,6
  28. Pas de la Balme (source potentielle sous la balme) - km 60,7
  29. Rochers de la Balme - km 62
  30. Pas Enardant (entrée de la Réserve) - km 64,2
  31. Rocher du Playnet - km 65
  32. Pas Morta - km 66,2
  33. Pas Etoupe - km 67,1
  34. Rochers de la Peyrouse - km 67,5
  35. Rochers du Ranc Traversier - km 68,3
  36. Pas de Serre Brion - km 68,8
  37. Cabane de Tiolache du Milieu (Bivouac 3) - km 71,9
  38. Cabane de Jasse du Play - km 74,6
  39. Fontaine du Play - km 75,5
  40. Fontaine de la Chau - km 77,9
  41. Fontaine des Serrons (bifurcation hors Gr) - km 80,2
  42. Pas des Chattons - km 82,1
  43. Cabane des Aiguillettes - km 82,5
  44. Pas des Bachassons (source) - km 83,4
  45. Point de vue sur la Plaine de Queyrie - km 83,8
  46. Pas de la Selle - km 84,6
  47. Sentier de la Combe des Rochers du Parquet - km 86
  48. Cabane de Chaumailloux (source) - km 89,5
  49. Pas de la Chèvrerie - km 90,6
  50. Arête Est de Tête Chevalière - km 93,2
  51. Source de l'Essaure - km 94,3
  52. Pas de l'Essaure - km 94,7
  53. Tête de Praorzel - km 97,4
  54. Col de la Lauzette - km 99
  • Arrivée : Col de Menée - km 101,4
Barriere Orientale Du Vercors L Integrale Trace Gpx
Données géographiques – 384,8 KB

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Commentaires

Jacline
il y a un mois

Waouhhh 👍🤩
Et merci pour le verticomicorien !