Réalisée le 08 décembre 2025
A la confluence de la Drôme provençale et des Alpes, le Massif du Diois dévoile un relief valloné en très grande partie boisé mais également alpestre sur ses plus hautes cimes. Ne dépassant qu'une seule fois les 2000m d'altitude sur son point culminant, le Jocou 2051m, le Diois n'est pourtant pas en reste en ce qui concerne le côté sauvage de son orographie. Au contraire, excentré des zones urbanisées, ce massif composé intégralement de maquis, de forêts et d'alpages ne voit son silence brisé qu'avec les troupeaux de bétail estivaux et les quelques clochers des villages disséminés dans les fonds de vallée.
Dépassant des forêts, battues par les vents, les plus hautes sommités du Massif du Diois bénéficient de point de vue exceptionnels sur les hauts massifs tout proches et notamment le Dévoluy qui borde sa partie Nord-Est. Plein Nord, le Vercors est visionné de façon inhabituelle avec l'émergence de ses principaux sommets, alors qu'au Sud et à l'Ouest, ce sont les Baronnies, le Mont Ventoux et par temps clair les Monts d'Ardèche qui complètent l'arrière-plan.
Friands de cimes majeures, on s'intéresse aux principaux sommets du Massif du Diois propices aux divagations hivernales. On se réserve le Jocou pour une prochaine aventure. Reste la Montagne de Belle Motte et la Toussière, cette dernière remportant la mise du fait de ses larges arêtes dépourvues de végétation et positionnée encore plus au Sud, bénéficiant donc d'un enneigement moindre.
La Toussière constitue ainsi le troisième plus haut sommet du Massif du Diois avec ses 1916m. Un réseau d'arêtes tentaculaire partant de sa cime permet d'atteindre cette dernière via différentes voies d'accès. Du fait de l'enneigement, on élimine les arêtes Nord et Nord-Est et on se concentre sur l'Est et le Sud. De là, les petits hameaux du Haut-Buëch sont des points de départs parfaits pour partir à l'assaut de la Toussière que l'on devine d'ailleurs dès le départ de la randonnée.
Pour rallonger cette ascension qui peut s'effectuer aisément à la journée, on se rajoute un parcours d'arêtes sur des sommets limitrophes avant de se réserver l'ascension finale en fin de journée.
La traversée du Quigouret : Des Oches au Col de Vaunières.
La voie d'accès classiques pour la Toussière débute au hameau de la Caïre, dans les environs de Lus-la-Croix-Haute. De notre côté, pour effectuer un large circuit autour de la Toussière, on stationne deux vallons plus au Sud, non loin du hameau des Oches, sur les bords de la Vauniérette, cette fois-ci bien tumultueuses avec les précipitations hivernales.
De là, on partira à la recherche du GrP du Tour du Buëch qui arpentera les premières pentes forestières et les premiers alpages.
Dès les premières clairières, l'élégante Toussière apparait face à nous. Ses plus hautes pentes et arêtes semblent encore bien pétries de neige. Mais l'arrivée du redoux fera souffrir cette fine couche d'or blanc au cours de la journée. D'ailleurs, nous commençons les pieds au sec, la neige ne s'étant pas invitée dans les fonds de vallée. On arpente les douces pentes où genets, pins sylvestres, buis et lavandes constituent les principales essences végétales. On est définitivement dans les Alpes du Sud.
La Vallée du Haut-Buëch sillonne entre le Diois, où nous nous trouvons, et les premières pentes du Dévoluy situées un peu plus à l'Est. Dès les premières centaines de mètres, les hauts sommets du massif voisin émergent, à l'instar du Grand Ferrand et de la Tête de Garnesier.
Vers 1200m, au lieu-dit du Barraquier, on commence à dominer le Vallon de Vaunières d'où l'on devine les quelques pâturages au loin. La Pare s'invite également à gauche de la Toussière.
A ce moment-là, on quitte le GrP pour basculer en face Nord. On retrouve un peu plus loin une route forestière que l'on suivra sur quelques centaines de mètres jusqu'à atteindre une combe, un peu avant de traverser le Torrent du Tioure. Dans cette combe, on s'extirpera petit à petit de la dense forêt de fayards pour déboucher sur une pinède clairsemée de prairies de plus en plus vastes.
Passé 1400m, la vue se dégage sur le Dévoluy. Le panorama s'étale de la Grande Tête de l'Obiou jusqu'à Durbonas en passant par le Grand Ferrand, le Rocher Rond, la Tête de Vachères, le duo du Garnesier et la Montagne d'Aurouze. La neige refait une apparition marquée avec une couche recouvrant l'entièreté de l'épaule. Reste à voir si l'ascension finale du Quigouret se fera sur terrain enneigé.
Sur la photo du dessous, on devine la petite commune de Saint-Julien-en-Beauchêne blottie sous l'imposante masse de Durbonas.
Au point 1553, la pente s'adoucit une nouvelle fois et on gagne en exposition. La neige se raréfie, tout comme les différentes traces et sentes qui se faisaient déjà très discrètes depuis le début de l'aventure. On poursuit donc à vue en restant proche de l'arête du Quigouret pour maximiser la vue au Sud et au Nord. D'ailleurs la Montagne du Glandasse, extrémité Sud du Vercors, s'aperçoit à l'Ouest.
Sur les pentes du Quigouret, la vue sur le Haut-Buëch est splendide. l'intégralité de la barrière dévoluarde est visible : de l'Obiou au duo du Garnesier. Même la Montagne d'Aurouze tout à droite est de la partie.
De gauche à droite : le Rattier, la Tête de la Cavale, l'Obiou, le Nid, la Tête de l'Aupet, le Grand Ferrand, la Tête de Vallonpierra, la Tête des Vautes, la Tête de Plate Longue, le Rocher Rond, la Tête de Vachères, Chamousset, le Roc de Garnesier, la Tête de Garnesier, la Tête des Ormans.
On atteint facilement le sommet du Quigouret 1729m, orné pour l'occasion d'une dense congère. On domine en grande partie le Diois car mise à part la Toussière et le Jocou présent au Nord, on se situe de fait au dessus des autres cimes du massif. La vue s'étale jusqu'aux Baronnies et au Mont Ventoux qui marque la dernière cime visible au Sud.
Le reste du Massif du Diois est bien sombre en cette période, le soleil ne parvenant pas à éclairer les faces Nord des montagnes. Au contraire, le panorama au Nord est particulièrement lumineux avec la Montagne du Glandasse, le Grand Veymont et même le Mont Aiguille qui pointent leur cime à gauche de la Toussière.
Pour relier les environs de la Toussière depuis le Quigouret, il nous faut de nouveau emprunter un sentier de crêtes mais boisées cette fois ci. Le sentier est peu visible et peu marqué pour rejoindre le Col de Vaunières. Mais l'absence de difficulté rend le cheminement aisé. Il faut cependant faire attention à la descente depuis le point 1686 et le point 1583 lorsque le chemin est enneigé voire gelé.
On domine également le petit hameau de Vaunières trônant sous les contreforts Sud de la Toussière. Au loin, quelques sommités du Massif du Taillefer et des Ecrins se sont incrustées entre le Diois et le Dévoluy.
On reste dans les alpages jusqu'à atteindre le point 1686, sorte d'antécime du Quigouret. L'ambiance est particulièrement agréable avec la lumière rasante de ce début décembre et l'absence de vent, le tout avec une visibilité exceptionnelle, le voile nuageux s'étant cantonné bien plus au Nord.
Sur le sentier, au niveau de la Grèse, on profite d'une des dernières clairières de la crête pour contempler les Trois Becs à l'Ouest.
L'ascension de la Toussière via la Pare et ses crêtes.
Au Col de Vaunières 1419m, on met pied sur le Gr95 reliant Saillans à Lus-la-Croix-Haute.
Deux options s'offrent à nous pour la suite de l'aventure :
- une montée directe vers la Pare via son arête Sud.
- une montée plus progressive vers la Pare depuis le Col Varaime présent à quelques encablures au Nord-Ouest.
On opte ainsi pour la version plus longue depuis le Col Varaime. D'autant qu'entre les deux cols, la présence d'une source n'est pas à négliger dans ces montagnes arides.
Quelques mètres avant de franchir le Col Varaime 1447m, le sentier s'élève dans le versant Sud-Ouest de la Pare. La neige et l'hiver ne sont que souvenirs sur les premières centaines de mètres, la végétation sud-alpine et le soleil s'imposant sur ces pentes.
En l'espace de quelques minutes, et en raison d'un pivotement vers l'Ouest de la pente, on bascule en hiver. La pinède voit son sous-bois totalement enneigé et la suite de l'itinéraire vers le sommet de la Pare semble l'être tout autant. La chaleur de la journée ayant fait son oeuvre, la progression sur ces 100m de dénivelés va s'avérer quelques peu pénibles puisque l'on s'enfonce par moment jusqu'au genou.
Les chamois sont en nombre sur les pentes exposées. Après quelques échanges de regards, ils détalent hors de notre portée.
Le Mont Ventoux tout au Sud.
Tant bien que mal, on se hisse sur la Pare 1862m. Le panorama se décuple au Nord avec l'apparition du Jocou 2051m, le point culminant du massif, suivi d'une bonne partie du Sud Vercors. A nos pieds, la Vallée menant à Glandage est partagée entre l'ombre et la lumière.
Depuis la Pare, on domine le versant abrupt de la Toussière fait de ravins schisteux et de petite barres rocheuses. Rien à voir avec les doux alpages de son versant Sud et Est.
Zoom vers le Nord (de gauche à droite) : la Montagnette, les Rochers du Parquet, le Grand Veymont, le Mont Aiguille, le Sommet de Malaval, les Rochers de Ranc Traversier, les Rochers de la Peyrouse, la Montagne de Belle Motte, le Petite Moucherolle, la Grande Moucherolle, les Deux Soeurs, le Mont Barral, les Arêtes du Gerbier, le Roc Cornafion, le Rocher de l'Ours, le Pic Saint-Michel, le Jocou, Chamechaude, la Peyrouse, le Sénépy, la Dent de Crolles et les Hauts de Chartreuse.
Il ne nous reste plus qu'à relier la Toussière par un cheminement de crêtes. Malgré les congères et les névés, la progression ne présente pas de difficulté particulière. On évolue plutôt sur le versant oriental de l'arête en dominant des alpages truffés de chamois.
La magnifique vue sur la barrière dévoluarde est par moment agrémentée de quelques caprinés, comme c'est le cas ci-dessus près du Rocher Rond.
Passé une butte herbeuse, on fait face au bastion sommital de la Toussière et à son antécime occidentale. On reliera d'ailleurs cette dernière dans un premier temps afin de grimper sur la Toussière en franchissant les faiblesses des petites barres rocheuses qui couronnent sa cime.
Sur l'antécime, on domine la voie d'accès par l'arête Nord et le Col de Lus. Cet itinéraire, plus scabreux avec le franchissement de deux ressauts rocheux, n'est à effectuer que par temps sec et sans neige.
Les derniers mètres pour atteindre la cime de la Toussière. Malgré la verticalité de la face Nord, le cheminement est simple d'autant plus que les congères sont maigres sur cette portion de l'arête.
On met pied sur le sommet de la Toussière 1916m vers 16h. Il ne reste que quelques dizaines de minutes avant le coucher du soleil. Au lieu d'enchainer directement avec le descente, on décide de flâner au sommet et d'attendre les dernières lueurs sur ce panorama d'exception. On peut se le permettre puisqu'une descente de nuit sur la face Est de la montagne s'effectue aisément.
Coucher de soleil depuis le sommet de la Toussière et la descente par la face Est.
Plein Sud, on reconnait le Quigouret en bas à gauche où nous étions un peu plus tôt. Tout à droite en haut il s'agit du Mont Ventoux. Entre les deux, le relief valloné du Diois et des Baronnies.
Les changements de luminosité se font de plus en plus marqués sur le Massif du Dévoluy. Alors que les profondes vallées se font happer par les ombres, toutes les cimes sont encore éclairées.
L'imposante montagne de Durbonas laisse tout de même entrevoir quelques hauts massifs sud-alpins à l'instar du Parpaillon et des Trois-Evêchés. On devine ainsi le Pic de Morgon, la Grande Séolane, la Montagne de Boules ou encore le Cheval Blanc. Pour donner une idée du panorama depuis la Toussière, ces derniers sommets se situent dans le département des Alpes de Haute Provence alors que nous, nous nous situons à la frontière entre la Drôme et les Hautes-Alpes.
Le Grand Ferrand et la Tête de Vallonpierra se parent de couleurs chaudes.
Les Alpes du Nord se sont pas en reste malgré le fin voile nuageux. Les Rochers de Chalves, Chamechaude, le Sénépy, la Dent de Crolles, le Grand Serre et le Taillefer profitent des derniers rayons.
Entre Vercors et Diois.
Avant que la nuit ne l'emporte, la totalité de la chaîne du Dévoluy rosit.
Une fois le coucher du soleil terminé, on s'extirpe du bastion sommital de la Toussière pour retrouver les environs de l'antécime. De là, on devrait descendre dans les alpages de la face Est en direction de la bergerie que l'on devinait depuis le sommet. Mais un spectacle céleste va nous faire rester quelques instants supplémentaires sur l'arête.
Avant de descendre vers la bergerie, on croise une horde de chamois qui pensait être tranquille pour le début de la soirée. Après quelques secondes d'étonnement, ils plongent dans les ravines de la face Nord-Ouest de la Toussière. On les capture avec le Mont Ventoux en arrière-plan avant qu'ils ne disparaissent dans la pente.
Alors que les communes du Haut-Buëch s'éclairent une à une, on atteint la bergerie plantée 300m sous le sommet de la Toussière. On regarde les dernières lueurs plein Sud sur le Ventoux puis on s'équipe pour la suite de la descente dans l'obscurité. Il n'est pourtant que 17h30.
A partir de la bergerie, on retrouve une sente qui nous conduira jusqu'au col sous le Roc Bernon. De là, on empruntera le chemin forestier qui zigzague dans la combe du Torrent du Viavaret. On remet ainsi pied sur le GrP du Tour du Buëch. Au bout du chemin, le petit hameau des Oches marquera la terminaison de cette randonnée.
La Toussière est une montagne facilement réalisable à la journée et en toute saison. Quelque soit le versant emprunté, parcourir ses arêtes offre des panoramas exceptionnels sur les environs avec un avant-goût de Provence aux portes des Alpes du Nord.
ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :
- Départ/Arrivée : Intersection Vaunières / les Oches - km 0
- Croisement GrP Tour du Buëch - km 1
- Combe du Torrent du Tioure - km 3,4
- Quigouret - km 5,7
- Col de Vaunières - km 8,9
- Col Varaime - km 10,2
- La Pare - km 12,5
- La Toussière 1916m - km 13,7
- Bergerie sous la Toussière - km 14,9
- Col sous le Roc Bernon - km 15,6
- Hameau des Oches - km 20,9
Carte IGN nécessaire : 3237OT ou 3237OTR + 3338OT
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