
Réalisée le 07 octobre 2025
Pour changer des cimes du Massif de Belledonne on peut partir à la découverte de celles du petit Massif de la Lauzière. Directement dans le prolongement Nord de la chaîne de Belledonne mais tout de même séparé par la profonde Vallée de la Maurienne, le Massif de la Lauzière et ses paysages montagnards s'apparentent grandement à son voisin du Sud : des alpages couvert de myrtilliers, des forêts de conifères et de feuillus comblant les pieds des montagnes et une haute crête où le caillou règne en maître. Les lacs, présents en nombre dans Belledonne, sont un peu plus discrets dans le Massif de la Lauzière même si quelques environnements lacustres s'y cachent, ici ou là.
Les cimes du Massif de la Lauzière, un peu à l'instar de celles de Belledonne, sont encore peu courues d'autant que les sentiers d'accès sont presque inexistants sur les cartes topographiques. Exception faite de deux cimes du Nord du massif : le Grand Arc et le Mont Bellachat qui sont quadrillés et même traversés par de nombreux sentiers. Leur relief n'y est pas pour rien puisqu'il s'agit probablement des cimes les plus débonnaires du massif et donc des plus accessibles. Ailleurs, le GrP du Tour de la Lauzière se contente de contourner les sommités les plus acérées du massif telles que le Pic du Rognolet ou encore le Grand Pic de la Lauzière, point culminant du chaînon.
Pour une première randonnée dans ce petit Massif de la Lauzière on choisit donc de gravir l'un des classiques de la région : le Mont Bellachat 2484m. Avec le Grand Arc, ils se partagent l'extrémité Nord du massif et leur relief, tout comme leur altitude, sont similaires. Surplombant moins sensiblement les zones urbanisées, notamment l'agglomération d'Albertville, on se dit que l'ascension et la traversée du Mont Bellachat doit être plus sauvage.
Le Mont Bellachat est accessible depuis de nombreuses localités, que ce soit sur son versant Tarentaise ou Maurienne. Mais les possibilités de circuits semblent plus sympathiques depuis la Basse-Maurienne, et plus précisément la commune de Montsapey. On pourra ainsi rester plus longtemps à haute altitude afin d'éviter les nombreuses routes forestières et les lignes à haute tension qui cisaillent le Massif de la Lauzière, tout de même bien attaqué par l'urbanisation sur ses parties basses.
L'ascension du Mont Bellachat par le Col de Basmont et le Col de l'Arc.
Au départ du hameau de Tioulévé, dernière bourgade de la commune de Montsapey, on se met en route pour atteindre le premier col de la journée : le Col de Basmont. Un autre sentier, plus direct, permet de relier le hameau et le Mont Bellachat via la Grande Combe et l'arête Ouest de la montagne.
De notre côté, on prolonge l'ascension en contournant la montagne par ses différents cols.
Dès le départ, on se retrouve sous les pentes du Grand Arc jaunies par l'arrivée de l'automne. Le hameau de Tioulévé peut également être un point de départ pour l'ascension de ce sommet via le Lac Noir dont on entend et voit l'émissaire avant d'attaquer la montée vers le Col de Basmont. Derrière nous, l'extrême Nord de Belledonne s'érige de l'autre côté de la Basse-Maurienne avec notamment le Pic du Frêne et la Pointe de Rognier.
La montée vers le Col de Basmont est assez radicale, on enchaîne les lacets d'abord en sous-bois puis la forêt devient clairsemée et laisse entrevoir les cimes du Massif de la Lauzière dont les faces Nord sont encore légèrement saupoudrées des premières neiges. On aperçoit par exemple la Pointe de Combe Bronsin 2499m sur la gauche. Les éclaircies laissent également les immondes lignes à hautes tension visibles mais on devrait s'en écarter après le passage du col.
Au Col de Basmont 1791m, on fait face à une partie du Beaufortain et au Mont Blanc. Ce dernier est à côté du Grand Mont 2686m alors que sur la gauche on devine la Pointe de la Grande Journée 2460m. On bascule ainsi sur le versant Tarentaise du Massif de la Lauzière.
Au Col de Basmont, on part plein Est en suivant la crête du col sur quelques dizaines de mètres. Le sentier zigzague au milieu des myrtilles rouges sang où quelques chamois paissaient tranquillement avant notre venue.
Après le Point 1849, le sentier part en balcons pour rejoindre le second col du jour : le Col de l'Arc. On passe à l'ombre, en traversant les forêts d'Aulnes Verts et les nombreux couloirs d'avalanches qui dégueulent de la face Nord du Mont Bellachat.
En direction du Col de l'Arc, on domine la Basse-Tarentaise.
Le Col de Basmont (que l'on devine à gauche) marque la séparation entre le Mont Bellachat et le Grand Arc qui s'étire de toute sa longueur au fur et à mesure que l'on s'approche du Col de l'Arc. Au même moment, la Basse-Tarentaire laisse apparaitre la chaîne des Aravis, et notamment le Mont Charvin et la Pointe Percée.
Au Col de l'Arc 1854m, c'est au tour de la Vanoise et de ses géants d'apparaitre au loin. Légèrement à l'écart du col, on croise une petite cabane non-gardée. Cet abri peut s'avérer être une magnifique halte lors d'un Tour de la Lauzière. Il est équipé du strict nécessaire, d'une quinzaine de places dont quelques-unes sur matelas et d'une source à proximité immédiate de ses murs.
Au Col de l'Arc, on se situe pile sous l'imposant pic du Mont Bellachat. Rien ne laissait paraitre une telle face lors du départ puisque sur son versant Maurienne, le Bellachat montre un dôme sommitale herbeux.
Depuis le col, le sentier s'incline une nouvelle fois d'abord dans les alpages grillés puis dans les pierriers qui comblent les pentes du sommet. L'objectif est d'atteindre dans un premier temps le col à droite du sommet pour ensuite basculer sur l'autre versant, plus doux, afin de s'ériger sur sa cime.
Même si l'on se trouve sur le GrP du Tour de la Lauzière, le balisage est vieillissant voire peu présent. Le sentier semble par moment se mélanger avec quelques sentes d'animaux. Mais par bonne visibilité, l'ascension est évidente avec le sommet du Mont Bellachat qui nous sert de cap.
Du Mont Charvin au Sommet de Bellecôte en passant par la Pointe Percée, le Mont Mirantin, la Pointe de la Grande Journée, le Grand Mont, le Mont Blanc, l'Aiguille du Grand Fond, le Roignais, le Ruitor, l'Aiguille Rousse et le Mont Pourri.
Vers 2100m, on change d'environnement avec l'arrivée des premières traces de neiges et des pierriers. Malgré cela, on grimpe sans difficulté jusqu'au col sans nom situé une centaine de mètres en contrebas du Mont Bellachat.
Depuis le col sans nom perché à un peu plus de 2300m d'altitude, le panorama commence à bien s'étendre entre le Grand Arc le Mont Blanc.
Après le col, une vire cisaille la pente Ouest du Bellachat pour aller retrouver les pentes plus douces avant le sommet. Si on abandonne pour l'instant le pierrier, la verticalité du terrain est plus importante mais de courte durée. La glissade est proscrite sur cette vire.
Malgré le caractère vertigineux de ce passage, la vue au Sud s'est décuplée depuis notre passage au Col de Basmont. La Chartreuse s'invite aux côtés de Belledonne et le Grand Pic de la Lauzière est maintenant visible face à nous.
Sur les quelques lacets finaux, on retrouve le dôme herbeux du Bellachat. On ne va pas tarder à égaliser le Grand Arc 2484m.
Au sommet du Mont Bellachat 2484m. Malgré une altitude tout à fait modeste, son positionnement au carrefour des différentes vallées savoyardes offre aux randonneurs atteignant sa cime un panorama à 360° sur une grande partie des Alpes du Nord. Même le Jura pointe le bout de son nez ainsi que quelques sommets italiens. Ci-dessus, encadré par le Grand Arc et le Mont Blanc, on observe une partie des Bauges, les Bornes, les Aravis, quelques sommets du Giffre et des Aiguilles Rouges. Sur le bas de la photo, on domine la voie d'accès au Mont Bellachat depuis le Col de l'Arc.
La Basse-Tarentaise entre Beaufortain et Lauzière.
En remontant un peu la Tarentaise, une grande partie de la Vanoise est visible depuis le Mont Bellachat : Mont Pourri, Dôme de la Sache, Sommet de Bellecôte, Grande Motte, Grande Casse, Grand Roc Noir, Glaciers de la Vanoise, Pointe de l'Echelle, Dôme de Péclet-Polset. La plupart des grandes stations savoyardes sont également de la partie : Les Arcs, la Plagne, Courchevel, Méribel, Val-Thorens, Valmorel.
Zoom sur la Vanoise et la jonction entre la Vallée de la Haute Tarentaise et la Vallée de Bozel.
Zoom sur le Mont Blanc et le Beaufortain. Les discrets sommets enneigées que l'on devine au loin correspondent aux Grands Combins et aux différentes sommités du Mont Rose.
Vers le Sud, le chaînon du massif arrive jusqu'à son culmen : le Grand Pic de la Lauzière 2829m qui cache le petit Glacier de Celliers sous sa cime. A droite de ce sommet, on observe les Cimes du Grand Sauvage, le Pic de l'Etendard, les Aiguilles de l'Argentière et le Puy Gris. Alors qu'à droite, la Meije, le Râteau et le Glacier de la Girose camouflent les Aiguilles d'Arves et les Aiguilles de la Saussaz.
Le Mont Bellachat est par moment écrit sans le ''T'' final. Même les cartes multi-échelles IGN indiquent les deux toponymes : avec T au 100 000ème, sans T au 25 000ème.
L'intitulé Bellachat peut se décomposer en deux parties :
- ''Bella'' signifiant véritablement ''Belle'' en bas latin.
- ''Cha'' venant du franco-provençal ''Chaux'' désignant des pâturages de montagne voire une montagne engazonnée au sommet aplatit.
Et avec ce panorama à couper de souffle depuis ce bel alpage d'altitude, on comprend mieux ce toponyme.
Du Mont Bellachat à Montsapey via le franchissement du Pas de la Mule.
Après une pause sommitale bien méritée, on démarre la seconde partie de la journée. Au lieu de reprendre à l'identique le chemin de la montée, on agrandit ce circuit autour du Bellachat en poursuivant notre route vers le Sud.
La particularité du Massif de la Lauzière, du moins sur les cartes topographiques, c'est que très peu de sentiers franchissent les cols de la chaîne de montagnes allant du Bellachat au Grand Pic de la Lauzière. Ce n'est qu'après la lecture de quelques topos et cartes que l'on pense faisable le passage du Pas de la Mule, présent à quelques encablures au Sud.
En effet, si l'on poursuit le GrP du Tour de la Lauzière vers le Sud, on reste grosso modo sur le versant Est du Massif de la Lauzière. Reste à voir si l'échappatoire du Pas de la Mule permet de basculer sur le versant occidental.
Le versant oriental du Mont Bellachat est moins abrupt que celui que nous avons grimpé. On descend sur un plateau de dalles rocheuses situé entre le Bellachat et le Mont de la Perrière. De toute manière, on ne devrait pas descendre plus de 300m de dénivelés pour aller chercher le Pas de la Mule.
Une fois le petit plateau lacustre franchi, on bascule dans la Combe des Marmottes Noires. On perd plus sensiblement de la hauteur pour rejoindre l'alpage ensoleillé que l'on devine tout à gauche de la photo ci-dessus. Au niveau de cet alpage, il faudra partir hors sentier à la recherche du Pas de la Mule coincé entre la Pointe des Marmottes Noires et la Pointe de Combe Bronsin.
C'est après le contournement de l'arête Est de la Pointe des Marmottes Noires que l'on part hors sentier en direction du Pas de la Mule en remontant environ 150m. Comme prévu, pas de sentier pour nous accompagner au milieu des gradins herbeux et des dalles. Ce n'est qu'au moment où l'on aperçoit le Pas de la Mule (échancrure à gauche de la photo) que l'on distingue finalement quelques discrets lacets grimpant vers le col. Tout à droite, il s'agit de la Pointe des Marmottes Noires 2339m.
Près du Pas de la Mule, on regarde une dernière fois la Vanoise et le Mont Blanc.
Au Pas de la Mule 2272m, on retrouve le Grand Arc, les Bauges et la Combe de Savoie. La trace semble plus franche sur le versant occidental de la montagne et on devine même quelques traces jaunes sur les rochers bordant la sente. Alors qu'IGN omet (pour le moment) tout sentier en direction du Pas de la Mule, les cartes OSM se contentent d'un tracé sur le versant Ouest. Pourtant, comme nous avons pu le constater, il n'y a aucune difficulté à franchir le Pas de la Mule de part et d'autre et l'établissement de petites sentes ne font que sécuriser le passage de ce col. Il ne reste plus qu'à mettre à jour les cartes topographiques.
On chute du Pas de la Mule pour rejoindre la petite marre en contrebas. Les chamois sont en nombre sur les pentes de la Pointe de Combe Bronsin et profitent de la neige et du beau temps pour batifoler avant la rudesse de l'hiver alpin.
La suite du sentier serpente dans les alpages rougeâtres et relie le Chalet des Marmottes Noires, propriété privée réservée au berger du coin. Plus bas, on trouve le Chalet de la Perrière, une cabane non-gardée libre d'accès cette fois-ci.
On ne descendra pas jusqu'à cette dernière cabane puisque l'on rejoindra le lieu-dit de Char Tambour pour plonger dans la Grande Combe, toujours encadré par les deux jumeaux des environs : le Grand Arc et le Mont Bellachat.
A gauche le Mont Bellachat, à droite la Pointe de Combe Bronsin, vus depuis Tioulévé.
On termine cette virée dans le Massif de la Lauzière sous une lumière typiquement automnale irisant les couleurs des différentes essences végétales et des alpages. Les cimes du massif vont bientôt se parer de blanc et devenir le paradis des skieurs de randonnée. De notre côté, nous attendrons probablement la saison prochaine pour découvrir une nouvelle cime de la Lauzière : Grand Arc et Pic du Rognolet en ligne de mire.
ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE :
- Départ/Arrivée : Parking de Tioulévé - km 0
- Chalet des Rouelles - km 0,9
- Col de Basmont - km 2,7
- Col de l'Arc (cabane) - km 5,1
- Col sous le Bellachat - km 6,6
- Mont Bellachat 2484m - km 7,3
- Bergerie (Combe des Marmottes Noires) - km 8,7
- Bifurcation hors sentier - km 9,6
- Pas de la Mule - km 10
- Lac sans nom - km 10,5
- Chalet des Marmottes Noires - km 11,3
- Lieu-dit de Char Tambour - km 11,9
- Croisement de la Grande Combe - km 12,5
Carte IGN nécessaire : 3432ET
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