- La Pointe de la Réchasse 3212m en boucle depuis le Col de la Vanoise

Publié le 5 novembre 2024 à 15:55

Réalisée le 3-4 novembre 2024

 

Quoi de mieux que l'automne pour partir découvrir le coeur du Parc National de Vanoise ? La fraicheur des alpages et des cimes ont fait disparaitre les foules des sentiers et les refuges d'hiver deviennent une sympathique alternative à l'interdiction du bivouac dans cette zone. Sans compter que cette année, la neige tarde à bloquer les fonds de vallées et les sommets. On en profite donc pour préparer l'ascension d'un 3000 du massif.

Cela fait quelques années que la Pointe de la Réchasse nous fait de l'oeil : une position centrale dans la massif, coincée entre la Grande Casse et les Glaciers de la Vanoise et un sommet à proximité d'une vallée glaciaire d'exception accueillant des petites merveilles lacustres telles que le célèbre Lac de Vaches. Et malgré une altitude tout de même imposante, notamment à cette saison, l'itinéraire est intégralement randonnable alors que l'on toucherait du doigt la calotte de la Vanoise. Il est même possible d'effectuer une magnifique boucle à cheval entre les versants de la Vallée de Bozel et ceux de la Maurienne.

La Pointe de la Réchasse 3212m est située à l'extrémité Nord des Glaciers de la Vanoise. Sur sa face Nord, on plonge sur le vaste Col de la Vanoise, véritable carrefour d'alpages, de moraines et de sentiers au pied du point culminant du massif : la Grande Casse 3855m. Au milieu de ce dernier, le plus gros refuge du massif, le Refuge du Col de la Vanoise, trône à plus de 2500m d'altitude. Il nous servira d'ailleurs de halte pour la nuit avant l'ascension.

Avec le réchauffement climatique, les glaciers ont totalement libéré les accès à la Pointe de la Réchasse. Elle fait depuis quelques années partie de ces sommets nouvellement randonnable du fait du recul glaciaire. Liste qui ne fera que s'agrandir à l'avenir. On fera tout de même attention à la fine couche de neige et à la glace qui s'est formée en face Nord au-delà des 2700m sur les cimes alpines.

 

Jour 1 : Du Parking des Fontanettes au Refuge du Col de la Vanoise.

 

 

 

 

Classiquement, nous démarrons notre course vers le Col de la Vanoise depuis les hauteurs de Pralognan, dernière bourgade avant le coeur du parc. On enchaine rapidement pour sortir des pistes et des remontées mécaniques les dominant et s'exfiltrer vers les zones protégées au niveau du Refuge des Barmettes.

 

En passant le Pont de la Glière, l'ambiance change radicalement. Le vrombissement du torrent s'allie aux multiples pics acérés comme pour nous proférer un monumental ''Bienvenue en Vanoise''.

 

Quelques mastodontes du coin : la Pointe de la Grande Glière, la Pointe de la Petite Glière, l'Aiguille de l'Epéna, l'Aiguille de la Vanoise et la Pointe Mathews. La Grande Casse est encore cachée par l'Aiguille de la Vanoise.

 

Quelques minutes après avoir franchi le Pont du Chanton, on met de côté le sentier grimpant directement vers le Col de la Vanoise. On se permet un  crochet sur la gauche du vallon, à la recherche d'un lac dont nulle signalétique n'indique le nom ni la présence : le Lac de la Patinoire.

 

 

 

 

 

 

A la bifurcation, on loupe de peu le Lac des Vaches, mais nous y retournerons à coup sûr lorsque l'on reprendra notre route vers le Col de la Vanoise. On y découvre par la même occasion l'entièreté de la face Ouest de la Grande Casse 3855m. C'est de ce versant que la voie normale du point culminant de Savoie se situe. On y remontre le Glacier des Grands Couloirs jusqu'au col séparant la Grande Casse de la Pointe Mathews.

En allant vers le Lac de la Patinoire, on se détachera de l'Aiguille de la Vanoise et on bénéficiera de cette magnifique vue sur la Grande Casse tout au long de l'ascension.  

En grimpant, une autre montagne enneigée apparait au loin. Il s'agit du Dôme de Péclet-Polset.

 

Au Chalet des Gardes, on arrive sur le replat du Vallonnet où serpente l'émissaire du lac. Une dernière grimpette et le Lac de la Patinoire se dévoilera face à nous.

 

 

Perché à 2500m d'altitude, sous les pentes Sud de la Pointe du Vallonnet 3371m, le Lac de la Patinoire est le vestige du pauvre névé glaciaire qui agonise sur l'autre rive. Le lac est maintenant bien plus gros que le Glacier de la Patinoire dont la fonte lui a donné naissance. Face à son encaissement entre la Pointe du Vallonnet et la Pointe du Creux Noir, le lac conserve ses icebergs une grosse partie de l'année, phénomène probablement à l'origine de son appellation. D'ailleurs, malgré l'absence de vague de froid, les fraiches nuits savoyardes ont permis à la surface du lac de regeler intégralement avant l'arrivée de l'hiver. 

Dans les années 1950 ce lac n'existait pas. La quasi totalité de la pente Sud de la Pointe du Vallonnet était recouverte par le glacier éponyme. Ce n'est qu'avec la création du lac du fait de la fonte du Glacier du Vallonnet, que la partie avale du glacier et le lac furent renommés Glacier et Lac de la Patinoire. 

 

Le duo de la Vanoise : La Grande Casse 3855m et la Pointe Mathews 3783m.

 

Après ce crochet, on part reprendre le sentier principal en direction du Col de la Vanoise. On y mettra de nouveau pied au niveau d'une autre merveille lacustre : le Lac des Vaches. Encore une fois, on sera écrasé par le gigantisme des pics du massifs.

 

On arrive à point nommé en amont du Lac des Vaches. Le soleil s'écarte légèrement de la parabole rocheuse formée par l'Aiguille de la Vanoise et sa face Nord qui plongent vers le vallon. On y aperçoit d'ores et déjà le sentier iconique au centre du lac.

 

 

Blotti à 2300m d'altitude, le Lac des Vaches n'a rien à voir avec les grandes étendues lacustres que peuvent offrir les vallons alpins. Au contraire, ce lac glaciaire est en voie de comblement par les sédiments affluant du Torrent de la Glière, lui même provenant des glaciers environnants. En traversant ce chemin pavé qui le divise en deux, cela ressemble davantage à un mélange de tourbières et de marécages qu'un véritable lac alpin.

Ce chemin, symbole du Parc de la Vanoise, n'est pas là par hasard. A l'époque où le Lac des Vaches bénéficiait d'un bassin assez conséquent, un chemin muletier traversait le massif et la rive droite du lac pour relier le Duché de Savoie au Piémont italien, notamment la ville de Turin. Face à l'abaissement du niveau du lac, un chemin fait de pierres de gué est installé en 1949 pour le franchir. Aujourd'hui, ce chemin muletier est remplacé par le sentier de randonnée, notamment le Gr55 du Tour des Glaciers de la Vanoise.

 

L'avantage de le traverser à cette période c'est que ce lac, facile d'accès depuis Pralognan-la-Vanoise, n'est pas envahi par les foules de randonneurs du dimanche.

 

La suite de l'ascension consiste à poursuivre vers le col en arpentant le bas de la moraine du Glacier de la Grande Casse. On peut emprunter soit l'ancien chemin muletier soit le sentier de randonnée qui le suit à la parallèle. Pendant quelques centaines de mètres, on zigzaguera dans un environnement chaotique entre les blocs amassés par le géant de glace qu'on ne percevra même pas tant la moraine est imposante depuis le sentier.

Après un virage vers le Sud, l'environnement s'adoucit, la vallée s'élargit et elle laisse apparaitre une ambiance champêtre composée d'alpages jaunissant et de lacs. Le col approche et le refuge ne devrait pas trop tarder à se dévoiler.

 

 

 

 

 

On surplombe le Lac Long. De là, les moraines dégueulent leurs amas de pierres et de glaces sur le vallon. A gauche, on observe la moraine du Glacier de la Grande Casse, au centre, celle du Glacier des Grands Couloirs, ce dernier ayant reculé bien plus haut sur le flanc Ouest de la montagne.

De l'autre côté du lac, deux autres géants du Massif de la Vanoise émergent : la Pointe du Vallonnet 3539m et le Grand Roc Noir 3582m.

 

On arrive rapidement au Refuge du Col de la Vanoise trônant au milieu de son vaste alpage. De toute part, on est dominé par des pics montagneux imposants : Grande Casse, Pointes de la Glière, Aiguille de la Vanoise et notre objectif du lendemain, la Pointe de la Réchasse. 

 

La Pointe de la Réchasse 3212m depuis les environs du refuge.

 

Vue depuis la salle commune et le dortoir.

 

Il s'agit du plus gros refuge de la Vanoise avec près de 130 places en période de gardiennage. Composé de deux bâtiments, le plus récent étant le plus grand, rénové et agrandi entre 2012 et 2013, et d'un plus petit baraquement en pierre, le refuge historique. Construit en 1902, il est d'abord nommé ''Refuge Felix Faure'' en l'honneur au Président de la République (1895-1899) qui vint effectuer des manoeuvres militaires près du Col de la Vanoise en 1897. Ce dernier était un passionné de montagne et fut président d'honneur du Club Alpin Français. Il sera ensuite rebaptisé ''Refuge du Col de la Vanoise''. Il est toutefois toujours possible d'apercevoir l'intitulé ''Refuge Felix Faure'' sur l'ancien bâtiment qui sert encore aujourd'hui de dortoirs.

La nécessité de la construction de ce refuge s'opère à la fin du XIXème siècle lorsque les alpinistes des quatre coins du monde se mettent à la conquête des principaux sommets du massif : la Grande Casse est conquise en août 1860 par William Mathews, Michel Croz et Etienne Favre, la Pointe de la Grande Glière est gravie pour la première fois en 1887 et l'Aiguille de l'Epena attendra juillet 1900 pour que sa cime soit vaincue. Un abri rudimentaire est dans un premier temps construit en 1878 avec comme nom ''la Cabane du Lac des Vaches''. Mais il faudra attendre le début du XXème siècle pour que les sections du CAF de Tarentaise et de Maurienne se liguent pour la construction d'un véritable refuge. Ces dates coïncident également avec le développement de Pralognan-la-Vanoise dont le premier hôtel ouvre en 1875.

 

En hiver, c'est un peu moins d'une trentaine de couchages qui sont accessibles aux randonneurs et alpinistes de passage dans le bâtiment principal. Cependant, au vu de sa situation et son accessibilité, la réservation préalable est obligatoire en période hors gardiennage. Il est possible de payer sur place, même si une réservation en ligne est préférable pour savoir le nombre de places restantes avant de s'y aventurer. Pour 10 euros, deux dortoirs et une cuisine avec une gazinière sont mis à la disposition de tous.

En arrivant en milieu d'après midi, on part gambader dans les environs du refuge, calmes et paisibles en cette inter-saison.

 

Le Lac des Assiettes est totalement asséché au pied de l'Aiguille de la Vanoise. Pas mal de lacs de la zone disparaissent après la saison chaude. Lac des Vaches, Lac Long, Lac des Assiettes attendent le retour de l'hiver et la fonte pour redorer leur image.

 

Sur le versant glissant sur la Maurienne, les Pointes de Pierre Brune, la Pointe des Broès, la Pointe du Vallonnet et le Grand Roc Noir s'imposent dans le paysage.

 

 

 

 

Pour le coucher du soleil, on se motive à grimper sur une épaule de l'Aiguille de la Vanoise. On surplombe ainsi la totalité de l'alpage du Col de la Vanoise et la vallée de Pralognan.

 

 

 

Anémone téméraire.

 

Avant que l'astre ne disparaisse, on concentre notre regard sur la Grande Casse et la Pointe Mathews pour observer les changements de luminosité.

 

 

 

Lorsque l'obscurité commence à s'imposer sur les Alpes, on retourne vers le Refuge du Col de la Vanoise. Ce n'est qu'à cette heure-ci que les chamois du massif se décident à descendre des cimes pour aller batifoler dans les alpages. On les observe quelques instants puis on file s'emmitoufler dans le confortable dortoirs.

 

 

 

Jour 2 : L'ascension de la Pointe de la Réchasse et descente par son plateau.

 

 

 

 

 

On met les voiles vers 5h50 du matin. La nuit est encore totale au-dessus de la Vanoise et le gel a recouvert l'alpage. La frontale sera d'une grande utilité pour trouver le départ de la petite sente en direction du sommet.

 

Quelques dizaines de mètres en allant vers le Lac des Assiettes, il faut bifurquer au niveau d'un tuyau. On le suit sur quelques mètres puis on atterrit sur un sentier bien visible jonché de nombreux cairns. Bien qu'IGN ne mentionne pas ce sentier, OSM permet de mieux le repérer. On monte tranquillement au milieu des ressauts rocheux en direction de l'affaissement Ouest de l'arête sommitale de la Pointe de la Réchasse. Ce n'est qu'à 2800m que les premières traces de neige apparaissent. Quelques centimètres durcis par une nuit glaciale ne contraignent pas l'ascension vers le front glaciaire, même si les petits crampons seront mis à contribution pour évoluer sur ce terrain de haute montagne.

 

Au moment où nous mettons pied sur les premières pentes enneigées, l'Est commence à décalquer les cimes.

 

 

On poursuit dans une ambiance digne du Grand Nord. Et même si l'absence de vent ne refroidit pas l'atmosphère, le plissement de la neige sous nos pas, les paysages mi-blanc mi-rosé de l'aube et les cris rauques des Lagopèdes alpins nous accompagnent lors de cette traversée polaire.

Non loin des 3000m, on bascule sur l'autre flanc de l'arête Ouest. Le Glacier de la Réchasse ne jouxtant plus les Glaciers de la Vanoise, une croupe rocheuse s'affaisse sur le front glaciaire de ces derniers, à mi chemin entre notre objectif et les Rochers du Génépy. Dans ces environs, le nombre de cairns augmente considérablement, instillant le doute sur la poursuite de l'itinéraire. On suivra la lignée la plus basse même si après réflexion, tous les cairns semblent aller dans la bonne direction.

 

 

En ayant franchi l'arête, on évolue à la frontière entre les Glaciers de la Vanoise et l'arête Ouest de la Pointe de la Réchasse. Même avec un environnement glaciaire, les dangers de crevasses et de séracs sont peu voire pas du tout présents tant l'inclinaison du glacier est faible. D'ailleurs des traces rassurent sur le chemin à suivre pour nous rendre vers le sommet.

 

Le soleil ne devrait pas tarder à s'élever au-delà du Grand Roc Noir.

 

On quitte le front glaciaire en atteignant un faux col à mi-chemin entre la Pointe de la Réchasse et la Roche Ferrand. Il suffit maintenant de grimper sur le versant Sud de la bosse sommitale. On suit une nouvelle fois des cairns en direction de l'arête. On ne vise d'ailleurs pas pour le moment le sommet mais l'arête surplombant notre position.

 

Pendant l'ascension finale, on fait attention à garder un oeil sur les dômes de la Vanoise pour voir les premiers rayons effleurer les cimes. La Dent Parrachée et le Dôme de Chasseforêt ouvrent le bal.

 

 

On émerge de l'arête vers 3100m. Le soleil en fait de même près du Grand Roc Noir alors qu'il baigne depuis plusieurs minutes maintenant les pentes Sud-Est de la Grande Casse et de la Grande Motte.

Un ressaut rocheux bloque la poursuite sur le fil de la crête. On traverse vers le sommet sous cette dernière, entre blocs et petits pierriers.

 

Le Col de la Vanoise patiente dans l'ombre, de même que les Pointes de la Glière ou du Vallonnet. L'imposante structure rocheuse de la Grande Casse obstruant toute illumination pour le moment.

 

 

Vers 8h, on arrive au sommet près de la vierge sommitale. Avec un temps limpide, le panorama est exceptionnel depuis la Pointe de la Réchasse. Au delà d'une sensationnelle et inédite vue sur les glaciers et les dômes de la Vanoise, on se croirait au centre des Alpes du Nord : Grand Paradis, Mont Blanc, Alpes Grées, Mont-Cenis, Etendard, Belledonne, Lauzière, Tournette. Malgré la proximité de la Grande Casse, la vue n'est en rien impactée.

On se pose quelques instants sur le sommet afin que le soleil réchauffe l'ambiance et on profite de cette solitude ultime sur ce 3000 de la Vanoise.

 

Dent Parrachée 3695m et Plateau de Chasseforêt / Pic de l'Etendard, Pointe du Dard et Nord du Massif de Belledonne / Dôme de Chasseforêt 3586m et Mont Pelve 3260m.

 

Alors que l'ombre de la Pointe de la Réchasse s'évanouit petit à petit, le Col de la Vanoise et son refuge ainsi que la station de Courchevel sortent de la pénombre et brillent sous les premiers rayons.

 

Les premiers rayons découpent esthétiquement les reliefs du Col de la Vanoise et notamment les vastes pierriers chutant de la Pointe Mathews. On aperçoit tout à gauche le Refuge du Col de la Vanoise et au centre les Lacs Rond et du Col de la Vanoise.

 

La Grande Motte 3653m encadrée par l'Aiguille de la Grande Sassière, la Tsanteleina et le Grand Paradis 4061m / Les Pointes de la Glière et le Col de la Vanoise / Les pentes Sud de la Pointe Mathews.

 

Le Mont Blanc 4805m au-dessus du front du Glacier des Grands Couloirs sur la droite.

 

 

Le soleil s'étant installé plus profondément dans les vallées du Massif de la Vanoise, on se met en route pour l'itinéraire de descente. On chute du sommet pour retrouver le faux col sous la Réchasse puis, au lieu de reprendre à l'identique, on part à l'opposé dans la face Sud en suivant quelques traces dans les quelques névés qui subsistent. L'objectif étant de rejoindre le Plateau de la Réchasse sur son flanc Est.

 

Les premiers mètres sous le sommet.

 

 

On part au Sud-Est avec en ligne de mire la terrasse rocheuse en angle droit que l'on aperçoit au centre. Il n'y a plus beaucoup de cairns sur ce versant. Mais il suffit de partir dans les pierriers en dévers coincés entre les barres sommitales et celles plongeant vers le vallon du Lac du Pelve. Bien que l'itinéraire semble évident sur le terrain, les traces de ski de randonnée sur les cartes IGN peuvent permettre d'appréhender ce passage vers le Plateau de la Réchasse.

Contrairement à la face Nord, le versant Sud est globalement déneigé, chose assez exceptionnelle pour ce début du mois de novembre, notamment à ces altitudes. L'absence de neige est une condition sine qua non pour une traversée à pied et sans danger de ce passage,

 

Dans les pierriers, près des falaises de la Roche Ferrand.

 

On débouche ensuite sur des pentes un peu moins soutenues où trône un chaos de pierres. Les Lagopèdes sont en nombre dans les environs alors que les caprinés du massif sont encore discrets pour le moment. La vue s'ouvre de part et d'autre du Plateau de la Réchasse, sur le Vallon de la Leisse, celui de la Rocheuse et Plan du Lac.

 

Sur le plateau, on retrouve quelques cairns nous guidant vers les plus basses altitudes. Mais le terrain n'étant aucunement dangereux, les suivre à la lettre n'a guère d'intérêt. On fait comme bon nous semble pour profiter des plus beaux points de vue sur la Dent Parrachée, le Dôme de Chasseforêt, le Mont Pelve et ses lacs.

 

Au niveau de ce petit lac, il faut deviner le vallon d'où pourrait partir son émissaire. En cette saison, le petit torrent est à sec, facilitant la descension dans la Draie des Fées, ce couloir rocheux se terminant dans des gradins herbeux surplombant le Gr55.

 

Draie des Fées et Plan du Lac où l'on devine le Lac aux Limnés.

 

Le Vallon de la Rocheure et la Pointe de Méan Martin / Les Pointes de Pierre Brune et le Refuge d'Entre Deux Eaux.

 

 

Vers 2400m, on met pied sur le Gr55 du Tour des Glaciers de la Vanoise. On n'a plus qu'à se laisser guider par cette autoroute randonnable pour rejoindre le Col de la Vanoise en surplombant en balcon la terminaison du Vallon de la Leisse. Ce jour-là, personne n'est présent sur ce sentier incontournable des Alpes du Nord, ce qui contraste avec la cohue estivale de cette étape reliant le Refuge de l'Arpont et le Refuge du Col de la Vanoise et les quelques 30 000 randonneurs qui l'arpentent chaque été.

 

 

Avant de bifurquer en direction du Col de la Vanoise, on croise quelques blockhaus sur les bords du sentier. Signes que ce lieu fut autrefois une frontière fortifiée. En effet, le Col de la Vanoise fut durant des siècles un passage stratégique au coeur des Alpes. Ses larges vallons permettant aux hommes et au animaux de le franchir plus facilement que certains passages alpins. 

Pendant l'Antiquité, les invasions barbares incitent les Romains à délaisser le Col de la Vanoise pour privilégier le Col du Petit Saint-Bernard afin de relier Lyon et Rome. Ce n'est qu'au VIIIème siècle que le col connait un regain d'activité avec le commerce notamment de sel et de fromage entre les deux capitales qu'étaient Chambéry et Turin.

 

 

La traversée du Col de la Vanoise à cette époque n'avait rien à voir avec la facilité par laquelle nous le traversons aujourd'hui. Elle s'effectuait uniquement par beau temps et aux beaux jours, le Glacier de la Grande Casse bloquant une bonne partie du vallon (jusqu'au Lac des Vaches) avant que le recul glaciaire n'ait lieu, vers le milieu du XIXème siècle. Pour éviter de se perdre par mauvais temps et sur sol enneigé, d'immenses poteaux en bois ont été installés entre 1833 et 1834 et sont d'ailleurs toujours visibles sur les bords du Gr aujourd'hui, comme peut l'attester la photo ci-contre.

Les raisons commerciales de la traversée du Col de la Vanoise cessèrent au milieu du XIXème siècle avec l'ouverture de nouvelles routes, dans les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne en particulier.

 

 

On retrouve modestement la pointe sommitale de la Réchasse alors que l'on entame la longue traversée jusqu'au Col de la Vanoise. Dans un premier temps, on suit le Ruisseau de la Vanoise avant de croiser la route de plusieurs zones humides dont le Lac du Col de la Vanoise et le Lac Rond que nous avions contemplé depuis le sommet de la Réchasse. L'occasion aussi de faire la rencontre d'une quinzaine de chamois paissant paisiblement près des deux lacs.

 

Les petits nouveaux détalent à notre approche du Lac du Col de la Vanoise.

 

Les Pointes de Pierre Brune 3196m se dédoublent dans le petit Lac du Col de la Vanoise.

 

Le Lac Rond nous offre ses plus beaux reflets lorsqu'on longe ses rives. Le calme est palpable dans ces montagnes et à cette saison. Le silence n'est uniquement brisé que par les quelques chutes de pierres qui dégringolent de la Pointe Mathews sous l'effet du dégel.

 

 

On repasse aux abords du Refuge du Col de la Vanoise et on profite une dernière fois du cirque glaciaire qu'offre le Glacier des Grands Couloirs et ses pierriers.

Au lieu de reprendre le chemin d'hier via le Lac des Vaches, on préfère plonger dans le Vallon de l'Arcelin coincé entre le versant Sud de l'Aiguille de la Vanoise et les Rochers du Génépy. Cette variante nous permettra d'effectuer un tour complet de l'Aiguille de la Vanoise en plus du sommet de la Pointe de la Réchasse que nous avons réalisé plus tôt dans la matinée.

 

On traverse le Lac des Assiettes, du moins ce qu'il en reste. Au loin, on devine les Dents de la Portetta, l'Aiguille du Fruit et le Sommet de la Saulire, les sommets phares du domaine de Méribel et Courchevel.

 

Le Vallon de l'Arcelin entre ombre et lumière. Pile au centre, il s'agit du Petit Mont Blanc 2680m.

 

L'Aiguille de la Vanoise, la Grande Casse et la Pointe Mathews.

 

 

Au moment où nous longeons le bas des Aiguilles de l'Arcelin, la signalétique déconseille de poursuivre au niveau du talweg du Vallon de l'Arcelin. Elle conseille plutôt de gravir les quelques dizaines de mètres qui nous séparent du Col du Moriond et de rechuter vers les Chalets de la Glière. En effet, des intempéries ont gravement endommagé le sentier de l'Arcelin avec de nombreuses ravines provenant du glacier surplombant le vallon. Par temps pluvieux, il est compliqué voire impossible de poursuivre car le chemin se confond avec le lit du torrent à plusieurs reprises. Mais aujourd'hui, le torrent est à sec, on en profite donc pour continuer notre descension en direction du Cirque de l'Arcelin.

 

Avant de pénétrer dans le Bois de la Glière pour rejoindre le Parking des Fontanettes, on quitte le Parc National de la Vanoise. Cette stèle sonne le glas de notre aventure dans le plus vieux parc de France à l'assaut de la Pointe de la Réchasse. Un 3000 de moins sur la liste des 3000 randonnables de ce massif que l'on se réserve à visiter pendant les intersaisons. A la recherche de solitude et de paysages époustouflants que ces montagnes ne peuvent qu'offrir aux randonneurs quasi uniquement en automne et au printemps.

 


ITINÉRAIRE DE LA RANDONNÉE : 

 

  • Départ/Arrivée : Parking des Fontanettes - km 0
  1. Refuge des Barmettes - km 1,8
  2. Lac de la Patinoire - km 5
  3. Lac des Vaches - km 6,5
  4. Lac Long - km 7,8
  5. Refuge du Col de la Vanoise (Nuitée) - km 8,4
  6. Front des Glaciers de la Vanoise - km 10,8
  7. La Pointe de la Réchasse 3212m - km 12,3

 

8.  Draie des Fées (Plateau de la Réchasse) - km 14,4

9.  Gr55 du Tour des Glaciers de la Vanoise - km 15,3

10.  Blockhaus du Col de la Vanoise - km 18

11.  Lac Rond / Lac du Col de la Vanoise - km 20,4

12.  Lac des Assiettes - km 21,9

13.  Vallon de l'Arcelin - km 24,4

La Pointe De La Rechasse Trace Gpx
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